1. La méthode ESR permet d’identifier les enjeux importants pour les entreprises
La méthode ESR (Evaluation des Services Rendus par les écosystèmes aux entreprises) a pour finalité l’élaboration d’une liste de risques et opportunités pour 5 à 7 services écosystémiques identifiés comme prioritaires. L’objectif est de permettre aux gestionnaires de mettre au point des stratégies de gestion des risques et opportunités découlant de cette dépendance. Elle se déroule en 5 étapes : choix du périmètre, identification des services écosystémiques prioritaires, analyse de l’évolution des services prioritaires, identification des risques et opportunités pour l’entreprise et élaboration des stratégies. Au cours de l’évaluation, l’utilisation de sources de données interne comme externe à l’entreprise est souhaitable. La durée estimée d’un projet d’ESR est de 9 à 16 semaines.
1. Etape 1 : choix du périmètre d’évaluation
Durée estimée : de 1 à 2 semaines
Le choix du périmètre d’évaluation est une étape importante de la méthode ESR. L’objectif est de savoir à quel stade de la chaîne de valeur va se positionner l’évaluation : propre à l’entreprise ? En amont ? En aval ? Il est à priori souhaitable qu’elle ait lieu là où les interactions avec les ecosystèmes sont dominantes. Il faut également préciser l’aspect des activités qui sera concerné par l’évaluation : une entité métier, une gamme de produits, une installation, un projet ou des biens naturels propriété de l’entreprise. Enfin, la dernière question est la remise en question du périmètre choisi au regard des caractéristiques de l’entreprise. En effet, il convient de choisir un périmètre stratégique pour l’entreprise : marché en plus forte croissance, lancement d’une grande gamme de produits, …
2. Etape 2 : identification des services écosystémiques prioritaires
Durée estimée : de 2 à 3 semaines
Cette étape repose sur 3 questions principales ainsi que sur le choix de l’échelle temporelle et spatiale de l’évaluation. La première question est celle de l’évaluation de la dépendance de l’entreprise à ce service écosystémique. Ceci va permettre de classer les services ecosystémiques d’une dépendance faible à forte.
La deuxième question à poser est celle de l’évaluation de l’impact de l’entreprise sur les services écosystémiques qui peut être faible, modéré ou fort.
La troisième question est celle de la priorisation des services écosystémiques ainsi évalués afin de ne conserver que 5 à 7 services au maximum. Lors de ce questionnement, la consultation de parties prenantes internes et externes à l’entreprise est souhaitable. Au cas où il serait difficile de restreindre à 7 le nombre de services, il conviendra de retirer en priorité les services écosystémiques déjà bien connus, évalués et suivis par l’entreprise (comme la fourniture de bois pour une entreprise papetière par exemple) et des services sur lesquels l’activité de l’entreprise a un impact positif. En effet, dans ce cas les risques sont moindres et généralement, les impacts négatifs l’emportent sur les impacts positifs.
3. Etape 3 : analyse des tendances pour les services écosystémiques prioritaires
Durée estimée : de 4 à 6 semaines
Cette étape doit se baser sur des entretiens d’experts, une analyse bibliographique, voire des études spécifiques en cas d’absence de données. Il s’agit de répondre aux questions suivantes :
- Quel est l’état et l’évolution de la demande pour ce service écosystémique ?
- Quelles sont les causes directes de ces évolutions ?
- Quelle est la contribution de l’entreprise à ces causes ?
- Quelles sont les contributions de tiers à ces causes ?
- Quelles sont les causes indirectes de ces évolutions ?
4. Etape 4 : identification des risques et opportunités commerciaux
Durée estimée : de 1 à 2 semaines
Les risques auxquels peut être soumis une entreprise via les services écosystémiques peuvent être de nature opérationnelle, réglementaire, de réputation, de marché ou de financement.
La procédure d’identification doit faire intervenir une réflexion collective avec les parties prenantes et permettre d’aboutir à une liste de risques et d’opportunités pour chaque service prioritaire.
5. Etape 5 : élaboration des stratégies de gestion des risques
Durée estimée : de 2 à 3 semaines
Les stratégies proposées peuvent être réparties en plusieurs catégories : changements internes, implication du secteur ou des parties prenantes, implication des décideurs politiques.
L’élaboration des stratégies doit également faire intervenir les parties prenantes lors d’une réflexion collective.
2. La méthode CEV permet de prendre des décisions plus éclairées
La méthode CEV pour « Comprendre, Evaluer et Valoriser » a pour objectif d’aider les gestionnaires à prendre des décisions en attribuant des valeurs à la dégradation des écosystèmes et aux bénéfices tirés des services écosystémiques. (en 2008, les externalités environnementales ont représenté un coût d’US $ 7 000 milliards) Elle prend en compte les valeurs d’usage direct et indirect, les valeurs d’option et les valeurs d’existence et permet d’évaluer les risques liés à ces services écosystémiques. En terme de bénéfices, elle permet d’améliorer la prise de décision, d’influer positivement sur les mentalités, de maintenir et d’améliorer les revenus, de réduire les coûts et les impôts (preuve que des réductions de coût sont possibles grâce au maintien ou à la création d’écosystèmes), de réévaluer les actifs, de minimiser les dommages causés, de mesurer la valeur de l’entreprise, de communiquer sur la performance et d’optimiser les bénéfices sociétaux. Elle est applicable à tous les secteurs, directement ou indirectement via 4 applications principales : l’analyse de compromise, l’analyse de la valeur totale, l’analyse distributive et l’analyse des systèmes de compensation et de financement durable.
Cette méthode s’articule autour de 5 étapes : périmètre, planification, valorisation, application et intégration. Elle peut durer de 10 à 138 semaines ou plus.
1. Etape 1 : définition du périmètre
Durée estimée : de 1 à 4 semaines ou plus
Cette phase est constituée de 10 composantes essentielles qui peuvent constituer un processus itératif :
- Quels sont les principaux liens de dépendance et les impacts avec les services écosystémiques ; quelles sont les autres externalités environnementales ?
- Quel objectif de rentabilité est attendu de l’analyse CEV ?
- Quel « aspect » de l’entreprise doit être évalué ?
- Quel est l’objectif d’ensemble du CEV ?
- Quelles limites temporelles et géographiques doit-on utiliser ?
- A quelles normes ou procédés le CEV devrait-il se conformer ?
- Quel type d’information est pertinent ?
- Qui sont les parties prenantes et comment peuvent-elles s’impliquer ?
- Quelles techniques de valorisation des services écosystémiques seront probablement nécessaires ?
- Quelles peuvent être les principales contraintes à la mise en œuvre de l’étude ?
2. Etape 2 : planification
Durée estimée : de 1 à 4 semaines ou plus
L’objectif de cette étape est d’établir un plan pour entreprendre le CEV. Le contenu est centré autour de 6 éléments : contexte, méthodologie, définition des attentes du compte-rendu, calendrier détaillé et budget détaillé.
3. Etape 3 : valorisation
Durée estimée : De 2 à 20 semaines
Cette phase comporte 9 étapes qu’il est recommandé de suivre même si elles peuvent ne pas toutes être indispensables en raison du grand nombre d’applications potentielles du CEV :
- Définir « l’aspect » de l’entreprise à valoriser.
- Faire l’état des lieux environnemental. (état de référence)
- Déterminer les changements physico-chimiques.
- Déterminer les changements environnementaux.
- Evaluer l’importance relative des services écosystémiques atteints.
- Valoriser monétairement certains changements de services écosystémiques.
- Identifier les bénéfices et les coûts internes et externes.
- Comparer les bénéfices et/ou les coûts.
- Appliquer une analyse de sensibilité.
4. Etape 4 : application
Durée estimée : De 1 à 10 semaines
Cette étape est destinée à souligner les différentes stratégies utilisées pour faciliter la mise en application de résultats crédibles. Elle se décline en 5 domaines clés : applications internes, applications externes, communication des résultats, confidentialité et vérification.
5. Etape 5 : intégration
Durée estimée : De 5 à 100 semaines ou plus
L’objectif de cette étape est d’intégrer les résultats du CEV dans la stratégie de l’entreprise autour de 3 points : recueillir l’adhésion en interne, relier le CEV aux procédés existants et renforcer les capacités.
Ces deux méthodes doivent permettre de mieux intégrer les problématiques liées à la biodiversité et aux écosystèmes dans les stratégies des entreprises dans l’intérêt mutuel des deux enjeux considérés.
3. L’ESRIA, une version de l’ESR adaptée aux projets
1. Une méthode en six étapes
L’ESRIA est décomposée en 6 étapes :
- Identifier les services écosystémiques pertinents.
- Prioriser les services écosystémiques pertinents.
- Définir le périmètre et les besoins en information pour l’ESRIA.
- Etablir les liens entre les services écosystémiques prioritaires et les activités des parties prenantes.
- Analyser l’effet des impacts et dépendances du projet sur les services prioritaires.
- Eviter les impacts et réduire les dépendances du projet aux services prioritaires.
Le cadre est donc fortement similaire à celui de l’ESR.
2. L’identification des services écosystémiques pertinents
Cette étape est issue de la réponse à 3 questions : quels écosystèmes pourraient être impactés par le projet ? Quels services écosystémiques pourraient être impactés par le projet ? Et quels bénéficiaires seront potentiellement impactés ?
Il est également nécessaire de déterminer à quels écosystèmes le projet dépend et quel est le degré de dépendance à ces écosystèmes.
3. La priorisation des services écosystémiques pertinents
L’objectif de cette étape est de déterminer les services écosystémiques sur lesquels l’évaluation va être réalisée. Les parties prenantes doivent être consultées afin de mener à bien cette étape.
Les services peuvent être considérés comme prioritaires en raison des impacts du projet sur ces services ou en raison des dépendances du projet à ces services. Deux arbres de décision ont donc été élaborés pour mener à bien la deuxième étape de l’ESRIA.
La Figure 3 reprend l’arbre de décision permettant de rendre un projet prioritaire par ses impacts. La réponse à la première question devra être positive s’il est répondu oui à l’une des questions suivantes :
- Les impacts du projet sur ce service peuvent-ils le faire sortir d’une limite de durabilité ?
- Les impacts du projet sur le service peuvent-ils engendrer une réponse législative ?
- Ce service est-il déjà en pénurie par rapport à la demande ?
- Un changement dans ce service empêchera-t-il d’autres acteurs d’en bénéficier ?
- Les autres acteurs ont-ils le sentiment que les impacts du projet sur le service les empêchent d’en bénéficier ?
La Figure 4 reprend les étapes qui peuvent conduire à considérer un service écosystémique comme prioritaire de par les dépendances du projet. De la même façon que pour le classement selon les impacts, la première question aura pour réponse oui s’il est répondu positivement aux questions :
- Des changements dans le service au cours de la vie du projet pourraient-ils le faire passer en deçà d’une limite de durabilité ?
- Des changements dans le service au cours de la vie du projet pourraient-ils entrainer une réponse législative ?
- Le service est-il déjà en pénurie relativement à la demande ?
- Est-ce qu’un quelconque changement dans le service empêcherait le projet de réaliser ses performances opérationnelles ?
Les considérations conduisant au classement d’un service comme prioritaire sont donc relativement semblables à celles utilisées dans l’ESR classique.
4. Définir le périmètre et les besoins en information de l’ESRIA
Cette étape consiste à définir le périmètre géographique sur lequel sera conduite l’évaluation. Ce périmètre doit correspondre à l’étendue des écosystèmes impactés par le projet, ainsi qu’à l’étendue dans laquelle les parties prenantes et le projet lui-même accèdent au service.
Les besoins en information doivent être déterminés afin de pouvoir alimenter des indicateurs de suivi de la disponibilité du service et des bénéfices qu’en tirent les parties prenantes.
5. Etablir les liens entre les services écosystémiques prioritaires et les activités des parties prenantes.
Cette étape consiste à déterminer dans quelle mesure les écosystèmes prioritaires contribuent à améliorer l’accès des parties prenantes à des moyens de subsistance, à la santé, à la sécurité et à la culture. La deuxième partie de l’étape consiste à déterminer dans quelle mesure les impacts du projet sur l’accessibilité au service affectent les bénéfices tirés par les parties prenantes.
6. Analyser l’effet des impacts et dépendances du projet sur les services prioritaires.
Cette étape consiste à analyser les impacts et dépendances du projet sur les services prioritaires et à analyser ceux qui nécessitent d’être atténués.
Pour les impacts, il est nécessaire de projeter les impacts qu’aura le projet sur les écosystèmes ainsi que l’importance de ces impacts pour les parties prenantes. Cette étape doit permettre de caractériser les impacts en termes de surface impactée, d’intensité de l’impact, de fréquence, de réversibilité et de durée.
La méthode ne prévoit pas d’analyser les impacts résultants de l’interaction avec d’autres facteurs d’altération des écosystèmes (changement climatique, autres projets…).
L’évaluation des dépendances est également basée sur deux questions : prévoir les services écosystémiques tout au long de la vie du projet et prévoir les pertes en performances opérationnelles liées aux services écosystémiques.
7. Eviter les impacts et réduire les dépendances du projet aux services prioritaires.
Cette étape doit permettre à la fois de réduire les impacts du projet sur la biodiversité tout en assurant les performances opérationnelles prévues du projet.
L’étape de réduction des impacts doit suivre la séquence « éviter, réduire, compenser », celle de diminution des dépendances doit permettre soit de diminuer le besoin du projet en service, soit augmenter la disponibilité du service.